Tout le monde, à un moment ou un autre, a entendu parler des célèbres et mystérieux Ninja, dont l’histoire semble indissociable de celle du Japon. Qui étaient-ils ? D’où venaient-ils ? Où vivaient-ils ? Quel était leur rôle ?
Si l’histoire des Ninja reste encore assez obscure au commun des mortels, c’est simplement parce que ces merveilleux guerriers de l’ombre ont réussi à traverser les siècles dans l’anonymat et la discrétion.
Pour en revenir à leur existence et à leur apparition dans l’histoire du Japon, il nous faut remonter bien avant le début de notre ère pour trouver l’une des premières traces de l’utilisation de techniques d’infiltration. Bien plus tard, au VI ème siècle l’utilisation d’espions par le prince Shokotu donna naissance au qualificatif « Shinobi » ( discret, furtif ) pour désigner ces individus. Mais c’est réellement à partir de l’ère Chiryaku (XI ème siècle) que l’on vit réellement se développer l’Art Ninja.
Lorsque l’on parle d’Art Ninja, il convient de bien préciser qu’il ne s’agit pas d’un standard auquel tout le monde pouvait faire référence, car chaque clan ou plutôt famille, avait développé son propre enseignement et ses propres techniques en fonction des diverses influences qui les composaient. Ces influences étaient variées et de toutes origines.
L’instabilité du Japon avait conduit de nombreux guerriers à fuir les champs de bataille et chercher refuge dans les montagnes suite à des blessures, des défaites ou à la mort de leur maître.
Des moines, opposés à l’autorité de l’empereur qui tentait d’imposer des conceptions religieuses « officielles » trouvèrent également refuge dans les montagnes et devinrent des moines combattants.
Un grand nombre d’émigrés d’autre pays Asiatiques comme la Corée, la Chine, ayant eux-mêmes fui leur pays, ont apporté leurs connaissances. Des groupes de nomades, saltimbanques et artistes sont venus se joindre à ces familles et ont apporté leurs compétences si particulières.
On comprend donc qu’avec des influences et des origines aussi diverses les techniques de ces guerriers n’avaient rien de conventionnelles, et il est certain que d’un point de vue stratégique, les Ninja ont fait tout leur possible pour exacerber le côté mystérieux de leurs pratiques dans le seul but d’inspirer la crainte et par-là même s’assurer une certaine tranquillité.
L’attitude du pouvoir à leur égard était plutôt versatile, louant leurs services en période de guerre, ou cherchant à les exterminer à d’autres moments.
Il est même sous entendu que les familles Ninja auraient eu tout intérêt à ce que les grands seigneurs se fassent la guerre, ce qui leur assurait un moyen de subsistance, et l’assurance de ne pas être inquiétés.
Quoiqu’il en soit devant la prolifération de ces familles qui avaient complètement investies les régions d’Iga et de Koga, mais aussi Nagano, Tochigi, et quelques autres régions encore,
et devant le danger potentiel que représentait ce contre pouvoir, le général Oda Nobunaga tenta d’exterminer les clans Ninja d’Iga.
Après un premier échec, c’est finalement à dix contre un et à grand renfort d’armes à feu, que le général Nobunaga finit par vaincre.
Au cours de ces affrontements qui durèrent plusieurs jours, de nombreux Ninja périrent et avec eux leur école, puisqu’il était très souvent coutume à l’époque de transmettre son savoir oralement afin d’éviter le vol des écrits.
Néanmoins certains parvinrent à s’enfuir, et purent ainsi continuer à enseigner et transmettre leur savoir.
Près d’un demi siècle plus tard, après un nouveau changement d’attitude à leur égard, les Ninja d’Iga connurent leur période de gloire lorsque Ieyasu Tokugawa devint Shôgun et demanda à Hanzo Hattori chef Ninja d’Iga d’organiser sa sécurité, Ils purent ainsi continuer à se développer.
Puis, dans un Japon pacifié, les services des Ninja devinrent de moins en moins utilisés.
Finalement, c’est l’empereur Meiji, qui en supprimant le Shôgunat et le régime féodal, et en introduisant au Japon le modèle Occidental, précipitera définitivement le retour à l’anonymat des Ninja devenus inutiles, sinon dangereux dans un Japon en paix.
C’est aussi à cette époque que naquit Toshitsugu Takamatsu, petit fils de Toda Sensei descendant direct des Ninja d’Iga qui lui transmit ses connaissances, Takamatsu étudia également avec Mizuta Sensei et Ishitani Sensei et devint Soke d’un grand nombre d’écoles anciennes.
Il eut de nombreuses fois l’occasion de mettre en pratique ses connaissances lors de ses périples au Japon, et en Chine.
A sa mort en 1972, Masaaki Hatsumi, son élève qui avait hérité du titre de Soke de 9 écoles traditionnelles anciennes crée le Bujinkan en hommage à son maître disparu.
Aujourd’hui la tradition du Ninjutsu continue d’être enseignée dans nos écoles, et nous sommes fiers de pouvoir partager cet héritage avec vous.